Vroum, Vroum… C'est une affaire qui roule !
Vroum, Vroum… C'est une affaire qui roule !
Après France Inter qui, le mercredi 4 avril a, rapidement, évoqué le projet d'implantation du circuit automobile de Bagatelle au sein du PNR PL, c'était au tour, aujourd'hui 7 avril, de FR3, de traiter ce sujet dans l'émission hebdomadaire présentée par Laurence Bobillet « On peut toujours s'entendre ».
Copie aseptisée de « Sans aucun doute » son modèle de TF1 animé par Julien Courbet, « On peut toujours s'entendre » en a adopté les codes d'écriture télévisuelle. Résultat, en lieu et place d'un traitement sans concession d' une problématique environnementale et économique digne d'intérêt et qui fait débat bien au-delà de la population nord périgourdine directement concernée, le téléspectateur a eu droit à une mise en scène populiste et racoleuse de l'affrontement des pro et des anti-circuit, digne des habituels « reality-shows ».
La charmante Jocelyne Dunn, présidente de l'association Court-circuit Dordogne qui anime le front du refus de ce circuit insensé, s'est laissée filmer sans souci (ou sans possibilité) de peser sur la restitution finale de son image et de ses propos face caméra. Incarnant la justesse de la cause elle s'est prêtée de bonne grâce aux interviews calamiteuses des journalistes de la chaîne publique, épaulée par une troupe de militantes et de militants parcourant bois et guérets échelle sur l'épaule pour accrocher aux hautes branches des futaies les banderoles matérialisant leur opposition. Dans le groupe s'imposait assez vite une certaine Madame de Traversay qui, en tailleur BCBG, incarnait à elle seule ces « Nimby » - not in my back-yard – (pas dans mon jardin) dont on comprend le désarroi face à un avenir hypothéqué par un parc de loisirs dédié aux voitures de course et reservé aux amateurs fortunés de mécaniques bruyantes et polluantes. Détail croustillant, cette pimpante quinquagénaire semble bien être de la famille de l'actuel maire de Saint Crépin de Richemont, commune où doit être implanté l'essentiel du circuit. Comme ce dernier s'est déclaré favorable au projet ça promet à ces deux-là de belles empoignades dignes des affrontements générés, en d'autres temps, par l'affaire Dreyfus.
Un peu plus avant dans le « reportage » le téléphage a dû ingurgiter une séquence d'anthologie, enregistrée au cours d'une veillée (des chaumières?) au domicile de Jocelyne. On y assiste à la répétition des « protest songs » appelés à être entonnés, le jour suivant, lors d'une manifestation dans les rues et places de la sous-préfecture de Nontron.
Toutes et tous ne chantaient pas juste… sans doute était-ce l'émotion d'une « Star'Ac » improvisée au coin du feu sous l'œil impitoyable de la bétacam !
Coté pro-circuit la vedette a été laissée à l'entrepreneur du Périgord vert Bernard Mousnier. Homme-lige des époux David et Sandra Brooker-Carrey, les milliardaires britanniques qui aspirent au bitumage de la propriété de Bagatelle, cœur de leur futur « musée de l 'automobile ancienne » et récente, cet homme d'affaire très impliqué dans le projet a certainement quelques motifs de s'insurger contre la traitement dont il a fait l'objet. Pendant toute la durée du sujet il n'a cessé d'être désigné comme l'acolyte ou le complice des promoteurs ce qui, on en conviendra lui donne certains arguments pour mettre en doute la fameuse objectité journalistique. Il faut bien reconnaître cependant qu'il n'a pas mis du sien pour redorer son blason. Depuis les hauteurs de la ville Nontron il n'a pas hésité, devant les caméras, à faire photographier en long en large et en travers, et même « en gros plans » le cortège des protestataires qui défilait paisiblement dans les rues le 24 mars dernier. Mieux, avec la compétence d'un inspecteur des Renseignements généraux, il faisait relever concomitamment, les numéros des plaques d'immatrication de leurs véhicules se flattant ouvertement d'établir ainsi leur identité ! (1)
Cette longue intro imagée devait se conclure par un « plateau » où face à la transparente Laurence Bobillet se sont exprimés Bernard Mousnier et celui qui aurait dû être son contradicteur le plus résolu : Michel Moyrand le Président du Parc naturel régional Périgord-Limousin . Ce dernier, premier secrétaire de la fédération socialiste de la Dordogne et vice-président du Conseil régional d'Aquitaine, s'est attiré les foudres des défendeurs de l'environnement en proposant une transaction irréaliste : concéder aux pilotes des bolides le réseau routier local en guise d'anneau de vitesse !
Ravis, en tout cas, d'avoir évincé de ce débat sans arguments consistants, les écologistes et l'association Court-circuit, fer de lance de la contestation, les deux compères sont convenus de retrouvailles hors médias dont ils espèrent faire jaillir un accord. En réalité ils jouent la montre. Passées les législatives l'homme d'affaires et le responsable du parc feront certainement de profitables arrangements entre amis !
(1)Sans doute parce qu'ils redoutaient un travail baclé les 400 marcheurs se sont eux-mêmes portraiturés sous toutes les coutures et les clichés sont consultables sur le site de l'association Court-circuit. www.court-circuit-dordogne.com. Sur le site d'Alain Gouzon, le porte-parole des Verts Dordogne on n'est pas surpris, en revanche, par l'image retenue : un "plan taille" d' Alain lui-même au côté de la conseillère régionale Verts Bérénice Vincent. Il n'est pas de petit profit médiatique pré-électoral comme y'a pas de mal à se faire du bien !
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