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Entre essor (économique) !

Entre essor (économique) !

       « Cela peut nous rapporter un peu d'activité économique, d'emploi et d'animation » Quel mirifique projet Philippe de Courcel, le conseiller général U.M.P du canton de Mareuil, a-t-il en tête lorsque, dans l'édition du 26/3/2007 de La Charente Libre, un quotidien angoumoisin du groupe Sud-Ouest, il livre aux lecteurs cette réflexion?

            Sans surprise il s'agit du fameux et si contesté circuit automobile de Bagatelle dont la création envisagée sur le territoire de 3 communes rurales du Parc naturel régional Périgord Limousin ferait perdre à coup sûr ce label à un espace dont les dirigeants ne parviennent décidément pas à intégrer les problématiques environnementales.

            C'est un certain Armel Le Ny qui a recueilli avec complaisance ces propos. Ils en feront bondir plus d'un dans les rangs des écologistes, qualifiés naturellement « d'intégristes » par Bernard Mousnier, l'homme-lige de David et Sandra Brooker-Carey, les deux milliardaires britanniques qui désirent ardemment bitumer une piste de près de 5 kilomètres de long et de 12 mètres de large dans l'exceptionnelle vallée du Boulou. Avec une délectation non dissimulée le journaliste, ignorant totalement les opposants, s'emploie, dans un long article tout à la promotion du circuit, à dorer la pilule que les élus locaux veulent administrer de force à une population mobilisée contre ce qu'elle considère, à juste titre, comme un véritable saccage.

            À  court d'arguments pertinents l'envoyé de La Charente Libre, chargé d'écrire un plaidoyer que n'ont pas osé développer dans les colonnes de leur journal les chroniqueurs de Sud-Ouest Dordogne, brosse un tableau désolant de la commune de St Crépin de Richemont où « en dehors de la saison des cèpes et des châtaignes, il ne se passe pas grand-chose au milieu de … bois qui portent encore les marques de la tempête de 1999. »

            Notre confrère, peu sensible au patrimoine naturel de la vallée met en doute, avec une certaine malignité, l'extrême richesse de ses biotopes diversifiés : en la matière ses informateurs (1)ne sont autres que les époux Brooker-Carey. Ces derniers assurent « n'avoir jamais vu la queue d'un vison d'Europe. ». Comment diable ces néo-périgourdins amateurs de mécaniques vrombissantes et polluantes auraient-ils pu un jour en observer alors que, vraisemblablement, une culture zoologique, ornithologique, botanique et entomologique superficielle ne leur permet  pas de différencier un asphodèle d'un Circaète, une genette d'une fritillaire pintade,  un timarque d'une épervière !

            Poursuivant son implacable démonstration Armel y va de plus franche mauvaise foi réduisant le camp des protecteurs de l'environnement à un groupement « de «Nimby», les «not in my back yard», cette espèce en voie de développement partout où il y a des projets: décharges, routes mais aussi activités de loisirs. ». Belle démonstration de déontologie journalistique qui fait honneur à la profession. Que des anglais résidant dans la commune ou des retraités revenus au pays, face aux menaces induites par ce projet aberrant, aient pris le mors aux dents n'a rien pour surprendre. D'ailleurs on peut égoïstement les comprendre, combien, en effet, parmi ceux qui défendent le circuit, seraient prêts à racheter, au prix du marché, des résidences directement exposées aux nuisances sonores, aux pollutions de toutes sortes, et à l'augmentation du trafic routier (40 000 visiteurs annoncés par an dès le début de l'exploitation du site) qui viendra asphyxier de petites routes de campagne ? Un certain rédacteur de La Charente Libre peut-être ?

            En réalité c'est la totalité des associations écologistes départementales qui s'est élevé contre le projet et, en vertu du droit d'ingérence environnemental, toute une nébuleuse régionale et nationale de défenseurs des espaces naturels lui a emboîté le pas.

            « Pas dans mon jardin » clame-t-on d'une seule voix du coté Rennes, de Paris,  de Limoges, du Croisic, de Vincennes, de Bordeaux…

            Plus timidement, en raison d'impératifs politiciens le socialiste Michel Moyran, président du PNR PL s'est également prononcé contre cette implantation dans l'enceinte du Parc. Avant lui, mais sans détour, la DIREN (Direction régionale de l'environnement) avait opposé son veto. Un avis qui compte et que la sous-préfecture de Nontron pourra difficilement désavouer.

            L'étude d'impact devrait être ficelée dès le lendemain des législatives et les pouvoirs publics rendront alors leur décision. En l'attendant en toute confiance David et Sandra Brooker-Carey qui ont l'appui de Stirling Moss, une antique gloire du volant, « se réchauffent devant la cheminée monumentale de leur manoir du XVIe siècle, où les premières autos anciennes (2) sont attendues pour 2009 ».

            Attendues pour illico, beaucoup l'espèrent, être enfermées dans une grange d'où elles ne sortiront plus !

 

            Ch.C le 30/3/2007

 

          (1)dans la commune voisine de La Chapelle-Montmoreau il aurait pu, avec profit, pousser la porte de Desmond Kime. Ce scientifique de haut vol, dont la liste des titres universitaires et des mandats internationaux qu'il exerce est longue comme un jour sans pain n'est pas le moins habilité à déclarer qu'en fonction de sa remarquable bio-diversité le secteur de Bagatelle est zone à préserver absolument. Voir sa contribution sur www.court-circuit-dordogne.com

 

(2) Les promoteurs du circuit tentent de faire avaler leur couleuvre de bitume en assurant qu'elle ne sera utilisée que dans le cadre d'un prétendu Musée de l'automobile ancienne. En réalité elle sera ouverte, comme cela se passe dans tous les nombreux circuits déficitaires de l'hexagone 0 tous types de véhicules polluants et bruyants y compris motos et quads!

 



08/04/2007
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