saintcrepinderichemont

À quoi sert le PNR PL ?

                    À quoi sert le PNR PL ?

 

 

À considérer l'affligeant bilan de l'officine dirigée depuis plusieurs années déjà par Michel Moyrand la question mérite bel et bien d'être posée.

Structure budgétivore dotée d'un personnel qui brille plus par la production d'une abondante, mais rarement enthousiasmante, littérature administrative (1), que par ses initiatives de terrain visant à promouvoir le développement durable et la sauvegarde des milieux naturels, le Parc, tout compte fait n'est qu'un outil superflu de promotion touristique.

Vanter la qualité des cochonnailles locales, aiguiller les vacanciers vers les tables et chambres d'hôtes du Périgord Vert et du Limousin méridional,  publier le calendrier des manifestations de toutes sortes qui égayent (?) la contrée, porter à la connaissance des promeneurs les monuments remarquables du patrimoine indigène etc … etc voilà bien des tâches que, depuis des lustres,  remplissent, sans tambour ni trompette les multiples offices de tourisme et autres syndicats d'initiatives de la région.

 

Beaucoup attendaient du PNR qu'il soit le bouclier protecteur des espèces végétales et animales, des biotopes fragiles, des paysages préservés comme de l'architecture vernaculaire… Il n'en est rien malheureusement. Vécu, grâce à l'attractivité de son label comme un simple faire valoir touristique par les collectivités adhérentes, l'organisme, créé en 1998, à failli à sa mission. En clair les communes qui le composent, agissant comme si elles voulaient le beurre et conserver l'argent du beurre, aspirent à bénéficier des retombées économiques découlant d'une notoriété accrue tout en s'exonérant du volet environnemental. 

Sans mandat clair, sans pouvoir de police, le PNR, courroie de transmission des 2 exécutifs qui le gèrent et le financent, n'est qu'une dérisoire coquille vide.

Les classements ZNIEFF et Natura 2000 n'effarouchent plus depuis longtemps les propriétaires ruraux, les agriculteurs, les chasseurs et les entrepreneurs qui ont bien vite appris à les contourner si, par extraordinaire, ils s'avèrent un tantinet contraignants. 

 

Les acteurs de la filière agricole n'ont pas renoncé à leurs mauvaises habitudes en matière de gestion de l'eau notamment et ils recourent  toujours massivement aux engrais et aux pesticides pour accroître les rendements de leurs productions de moins en moins souvent exemptes d'OGM, quand ils ne dissimulent pas derrière l'image d'Épinal d'élevages fermiers privilégiant la qualité les pratiques moins reluisantes de l'engraissement en batterie et du gavage à la chaîne. 

 

Les carrières se multiplient et rongent jour après jour, sans opposition notable, coteaux et causses, comme à Ste Croix de Mareuil où l'extension de la zone d'extraction accordée aux Charges minérales du Périgord va faire disparaître la partie orientale du plateau d'Argentine (2) définie pourtant comme une zone naturelle d'intérêt écologique faunistique et floral et dont le petit patrimoine bâti est particulièrement remarquable.

 

Après avoir reculé, face à la vive opposition des populations, sur ses projets d'implantation d'incinérateur en Périgord Vert, voilà qu'aujourd'hui, le Conseil général de la Dordogne, s'apprête à tolérer la mise en service d'un gazéificateur à Saint Paul la Roche, dans le territoire du PNR PL toujours. « La gazéification n'est qu'une incinération déguisée elle risque d'ajouter une activité nuisible de plus sur le site de l'entreprise Saint Pauloise AES qui traite déjà des boues venues de partout » explique le président de l'association Halt'incin'. Malgré son label Pôle d'excellence rurale, le projet suscite l'inquiétude des habitants qui redoutent le rejet de poussières, de monoxyde de carbone et d'autres composés organiques volatils et s'interrogent sur le devenir des cendres bourrées de produits toxiques.

 

Le développement des animations de pleine nature, spéléologie, escalade, sports d'eau vive… vivement encouragées par l'exécutif départemental entraîne également bien des nuisances : le monde souterrain,  milieu exceptionnellement fragile, pâtit d'incursions massives, les parois rocheuses, au pied desquelles existent dorénavant de véritables parkings sont prises d'assaut par des grimpeurs peu respectueux de la vie sauvage. En refusant d'interrompre leurs ascensions en période de nidification ceux-ci  compromettent, en évoluant à flanc de paroi, le retour à un équilibre démographique rassurant des rapaces. Dans la haute vallée de la Dronne la très rare moule perlière risque fort de disparaître totalement sous les coups de boutoirs des canoës et des kayaks qui chaque été descendent par milliers une rivière que l'étiage réduit, sur certaines portions, à un simple filet d'eau courant sur des plages de galets allègrement piétinées par des navigateurs improvisés tirant derrière eux leur esquif.

 

En dépit d'une batterie déjà ancienne de textes législatifs, récemment réactualisés par la circulaire Olin, réglementant de manière restrictive la circulation des engins motorisés et la pratique des sports mécaniques dans les espaces naturels  ce sont des centaines de nouveaux adeptes de ces « Loisirs verts » comme les désignent avec aplomb le CODEVER qui disputent chaque année davantage les sentiers de randonnées pédestres ou équestres aux promeneurs.  Investissant dorénavant les sous-bois et les pelouses calcaires les pilotes de 4X4 et de quads et les motards, sans cesse plus nombreux, perturbent la faune, mettent à mal la flore et saccagent les biotopes en toute impunité. Leur lobbying fait mouche auprès des maires des communes du Parc qui ne sont pas à la veille de faire appliquer la loi.

 

Dans un tel contexte était-il étonnant  que l'administration du Parc baisse les bras, une fois de plus, devant la volonté d'investisseurs étrangers de créer un circuit automobile dans l'enceinte du domaine de Bagatelle au nord-ouest de Saint Crépin de Richemont ? l'accueil favorable reservé par l'administration préfectorale et l'immense majorité des élus de gauche comme de droite  à cet extravagant  projet (3 met en relief et sans fard les démissions récurrentes du pouvoir local face aux pressions économico-financières.

 

Promoteurs d'un type d'installation récusé aussi bien dans le Lot que les deux Charente,(4) les époux Brooker-Carrey, en minimisent, avec un certain toupet, l'impact environnemental désastreux. Pourtant la création d'une piste, large de 12 mètres et longue de près de 5 kilomètres destinée à recevoir des véhicules bruyants et polluants n'aura que des conséquences fâcheuses sur le milieu. D'autant que l'attraction drainera dès la première année d'exploitation plus de 40 000 spectateurs dont la venue contraindra la collectivité à assumer un dispendieux et mutilant recalibrage des voies d'accès en provenance d'Angoulême, de Nontron et de Brantôme.

 

On le constate, la signature par la quasi-totalité des candidats à l'élection Présidentielle du fameux pacte écologique de Nicolas Hulot, se traduit, en région, par l'application de décisions en totale contradiction avec les engagements pris  confirmant l'aveuglement des décideurs déterminés à nier les dramatiques séquelles de l'emballement climatique. La cruciale nécessité de modifier si ce n'est déclarer hors-la-loi des comportements aberrants ne les effleurent même pas. Invité à s'expliquer sur les condamnables soutiens qu'il accorde aux tortionnaires de la nature, Bernard Cazeau, les deux pieds englués dans une problématique qui a largement fait faillite répond qu'il n'est « pas là pour s'occuper des petits oiseaux mais pour investir dans l'économie et qu'on ne peut figer le département au XIXème siècle » ».

 

Patron, à la mode Georges Frêche, de la Dordogne Bernard Cazeau réduit, malgré des dénégations peu crédibles, l'économie locale au seul  tourisme. Si tel n'était pas le cas pourquoi diable aurait-il si grassement subventionné le film de Boutonnat, Jacquou le Croquant dont, par ailleurs, il avoue attendre des retombées avantageuses en terme de notoriété.

  De la colline de Lascaux qu'il envisage de dévaster pour y creuser, à deux pas du sanctuaire magdalénien, les prolongements d'un duplicata de pacotille, aux coteaux boisés et aux vallons de Bagatelle promis au bitumage d'un anneau grand pourvoyeur de sanies de toutes sortes, en passant par les galeries profondes de la grotte de Tourtoirac appelées à être mises en pièces par les travaux d'aménagement conditionnant son ouverture au public, c'est bien ce champ d'activité qu'il favorise contre vents et marées. 

 

Où sont en revanche les entreprises écologiquement respectueuses oeuvrant dans le cadre du développement durable dont il aurait pu favoriser l'éclosion dans une région qui n'attendait que cela ?

Même avec la meilleure volonté il est difficile de porter beaucoup  d'implantations de cette sorte à son crédit. Le président du Conseil général est en réalité en train de dilapider, au profit d'investisseurs guidés par la seule perspective de réaliser au moindre coût des profits juteux, la principale richesse du département : la beauté jusqu'à présent sauvegardée de ses paysages vivants.

 

Pour autant il ne serait pas juste de charger outrancièrement la barque du seul « élu maximo ». Parions qu'au sein d'Halt'Incin' ou dans les rangs des écolos voire des membres de l'association « Court-circuit »  figurent un certain nombre de militants qui affectionnent les sports d'hiver permis par les canons à neige, la conduite de rutilants 4 roues motrices dans les rues des cités périgourdines, les balades en quads jusqu'au tréfonds des forêts et les week-ends ensoleillés outre-mer  autorisés par ces airbus… qui sont tout sauf des puits de carbone !

 

Ch.C le 27/1/2007

 

 

(1) «  L'hypothèse étant que dans la mesure où la structure contractuelle a valeur de critère identitaire pour les acteurs impliqués, résultats effectifs et modalités de réalisation (par concertation) sont à évaluer conjointement. En d'autres termes, on doit absolument prendre en compte l'efficience discursive, et considérer que les discours ne constituent pas une dimension ayant tendance à l'autonomisation, mais une dimension à part entière indissociable de la pratique. A cette condition seulement, on pourra juger du respect des objectifs initiaux et de la viabilité de l'expérience. » Extrait de PNRL comme outil de médiation environnementale : Le problème de l'évaluation sémiotique des actions menées au sein d'un espace créé contractuellement et géré par concertation.

 

 

(2) Voir http://argentine24.blog4ever.com nos articles réunis sous la rubrique Argentine

 

(3) Voir https://saintcrepinderichemont.blog4ever.com   nos articles « Circuit de Bagatelle » réunis sous la rubrique Écologie-Environnement.

 

(4)  Voir http://beaufpointcom.blog4ever.com rubrique Environnement Écologie nos articles « Mécaforum coule une bielle » et « Des Charentais qui doutent de l'intelligence de leurs élus »



28/01/2007
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 12 autres membres